Au début de l’année, don Paul Préaux (modérateur de la communauté St Martin) m’a demandé : « quand tu quitteras la paroisse, qu’est-ce que tu aimerais laisser derrière toi ? » Cette question m’a pris au dépourvu. En même temps elle m’a aidé à me projeter sur du long terme, et à discerner les besoins de la paroisse à servir et à faire fructifier. Pour le moment rien de très précis en tête… Bâtir une église me ferait rêver ! Et on y pense …!
Cependant, au cours de ma retraite annuelle, j’ai lu l’encyclique du Pape « Dilexit Nos » (« Il nous a aimé »). Dans ce texte le pape lance un appel à redécouvrir, encore et encore, le cœur de Jésus. Que nous dit le pape dans ce texte ?
Un diagnostic d’abord : le cœur de l’homme – mon cœur ! – est malade. Et nous aurions des raisons de désespérer de l’humanité aujourd’hui, au vu des guerres, des violences, de l’indifférence, etc. On pourrait se demander : l’homme est-il perdu ? Que pouvons-nous encore attendre de l’humanité ?
Le pape répond : « Le Christ est en mesure de donner du coeur à cette terre et de réinventer l’amour, là où nous pensons que la capacité d’aimer est définitivement morte. » (n°218). En d’autres termes, il rappelle le coeur de notre espérance : face à cette interrogation découragée, Jésus se présente à nous et s’offre à nous comme le sauveur. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle » Jn3,16. Il est le sauveur de notre coeur et il peut redonner du coeur à l’homme. Mais cela passe par le contact avec son coeur transpercé, « lui qui nous a aimé et s’est livré pour nous ». (Rm 8, 37).
Le saint Père appelle tout au long de son encyclique à retrouver le coeur à coeur avec Jésus. Dans ce coeur à coeur, nous serons non seulement guéris mais aussi enflammés, embrasés. Embrasés pour Jésus, embrasés pour le prochain. C’est une grâce et un don à mendier. C’est pourquoi Le saint Père nous appelle à faire nôtre cette prière : « Jésus, doux et humble de coeur, rends mon coeur semblable au tien ».
Voilà notre espérance, voilà l’espérance du saint père. Esperance qui semble au coeur de son magistère. A la fin de son encyclique, il invite à comprendre son magistère, en particulier Laudato Si et Fratelli tutti à la lumière de « Dilexit Nos ». Autrement dit : pas d’écologie ni de fraternité sans un retour à Jésus, vers son coeur brûlant d’amour et capable d’allumer un feu en nous.
A l’appel du saint Père, j’aimerais que notre paroisse soit un lieu où l’on expérimente l’embrasement des coeurs au contact du coeur de Jésus, particulièrement présent dans le mystère du saint sacrement. A don Paul je dirais aujourd’hui, et je le dis à nous tous : quand je quitterai la paroisse, je désire ardemment laisser des coeurs embrasés pour Jésus. C’est bien plus urgent qu’une église.