On ne fait rien sans le coeur. Ainsi le saint Père nous invite à mettre du coeur dans notre vie, comme on dirait « mettre du coeur à l’ouvrage » ! Il nous exhorte à réorganiser notre vie à partir du coeur, à partir de ce centre où il y a un feu de vie. Repensons nos vies, nos familles, nos communautés à partir du coeur. Cela commence par un coeur à coeur avec le coeur de Jésus !
Le titre de l’encyclique résume ce qu’on peut dire du coeur du Christ : « Il m’a aimé et s’est livré pour nous ». Deux attitudes récurrentes et concrètes dans l’évangile manifestent les sentiments du coeur du Christ : ses paroles et son regard.
Jésus voit ! « Jésus fixa son regard sur lui » Mc 10, 21; Comme il cheminait (…) il vit deux frères… (Mt 4, 18). Jésus est attentif aux personnes, et en particulier à celles qui souffrent : « A la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés » (Mt9, 36).
«En tant qu’être humain, Il avait appris cela de Marie, sa mère. Elle, qui ‘conservait avec soin toutes ces choses les méditant en son coeur’ (Lc 2, 19), Lui apprit, avec saint Joseph, dès son enfance à être attentif.» (DN 42) Ce regard nous libère de l’impression d’être sans importance, anonyme, ignoré. Le regard de Jésus nous prête attention et nous fait vivre. Il ne détourne jamais le regard. Tant de fois des regards détournés ou menaçants ont fait du mal dans nos familles, nos couples, au travail. Pensons à toutes les fois où nous-même avons été ignorés, non reconnus, à toutes ces fois où nous cherchions un regard, et que nous n’avons trouvé que des regards détournés, fuyants.
L’amour de Jésus se révèle aussi par ses paroles : elles révèlent qu’il est remué intérieurement pour nous : devant Jérusalem il pleura Lc 19, 41 ; à tous il dit « venez à moi et je vous soulagerai car je suis doux et humble de coeur! » (Mt 11, 28) ; devant le tombeau de Lazare « Il frémit en son esprit et se troubla » ; plusieurs fois, les évangélistes rapportent que Jésus est « saisi de compassion » (pris aux tripes, littéralement en grec) Mt 9, 36 ; 14, 14 ; 15, 32 ; 20, 34 / Mc 1, 41 ; 6, 34 ; 8, 2 / Lc 7, 13 ; 10, 33 ; 15, 20.
Les paroles de Jésus révèlent qu’il ne nous aime pas froidement, mais du fond du coeur. L’expression la plus éloquente de son amour c’est la Croix. « C’est pourquoi, lorsque saint Paul cherche les mots justes pour expliquer sa relation avec le Christ, il écrit : «Il m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2, 20). Telle était sa plus grande conviction : se savoir aimé. Le don de soi du Christ sur la croix l’a subjugué, mais il n’avait de sens que parce qu’il y avait une chose encore plus grande que ce don même : “Il m’a aimé”. Alors que nombre de personnes cherchaient leur salut, leur bien-être ou leur sécurité dans diverses propositions religieuses, Paul, touché par l’Esprit, a su regarder au-delà et s’émerveiller de ce qu’il y a de plus grand et de plus fondamental : “Il m’a aimé”.» (DN 46). Au début de la semaine sainte, préparons-nous sérieusement à regarder, écouter, adorer le Christ Crucifié !