Alors qu’il sortait d’une conférence morose ayant fait le diagnostic de tous les problèmes du monde et de la société, le philosophe Gustave Thibon se demandait : que peut l’initiative individuelle face à tant de maux qui ont pris une ampleur collective et réclamant des remèdes d’une ampleur collective, de sorte que « les gens, privés de chandelles, n’ont d’autres ressource que maudire la nuit en attendant le retour de l’électricité… »
C’est là qu’il tomba sur cette parole de Confucius, qui lui ouvrit les yeux sur une solution de sagesse : « Mieux vaut allumer une chandelle, si humble soit-elle, que de se plaindre de l’obscurité » En d’autres termes : arrêter de se plaindre des problèmes, et faire ce qu’on peut à notre humble niveau. Une vraie sagesse de vie.
Du point de vue de l’Église, le congrès mission a fait ce pari. Plutôt que de « maudire l’obscurité », d’attendre le retour de l’électricité, ou la découverte d’un remède collectif qui inverserait d’un coup la balance de tant de maux, le congrès mission veut faire valoir toutes les chandelles que tant de laïcs et de consacrés ont décidé d’allumer. De même que saint Bernard devenu « une étincelle capable de mettre le feu à une grande forêt » (Guillaume de Saint Thierry), de même le Congrès Mission rassemble des étincelles capables de mettre le feu au cœur des baptisés pour embraser le monde du feu de l’Esprit Saint, et en même temps nous libérer de « la plainte de l’obscurité ».
De même le Père ne s’est pas plaint de l’obscurité du monde. Il a envoyé son Fils, Jésus, la Lumière du Monde, qui a brillé dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. Et Jésus nous dit d’être la lumière du monde. Une lumière humble, certes. Mais qu’il vaut mieux allumer plutôt que de se plaindre de l’obscurité. C’est lui qui fait de nous des chandelles, c’est lui qui inspire ces petites chandelles qui brillent et que le congrès mission a voulu exposer, et qui nous rappelle que « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ! » Continuons cet élan plutôt que de nous lamenter. N’attendons pas des solutions de grande ampleur, qui tomberont du Ciel. Elles viendront de nos cœurs embrasés de l’Esprit Saint. Allumons des chandelles, là où nous sommes. Des étincelles qui mettront le feu aux plus grandes forêts.
don Axel de Toulmon +