L’éloge de la petitesse ou le chemin de la vie éternelle
Bien sûr c’est à bien comprendre. L’éloge de la petitesse ne consiste pas en une soumission servile et fataliste aux contingences du temps présent empêtré dans l’injustice et le mal, l’impuissance et l’échec, sous prétexte que ça ira mieux au ciel.
L’éloge de la petitesse c’est la sagesse biblique par excellence, la voie de l’enfance spirituelle, le chemin du bonheur.
Les lectures de ce dimanche nous y invitent fortement. Tâchons d’en saisir quelques principes pour notre gouverne personnelle.
Le principe de réalité tout d’abord. Et saint Paul dans la deuxième lecture de la lettre aux Corinthiens nous invite à nous regarder tels que nous sommes. La réalité c’est déjà de bien se connaître, de s’accepter, de s’apprécier, de s’aimer soi-même. Et non pas de se rêver, de s’inventer un personnage, de s’illusionner soi-même. Et ainsi de notre entourage, de nos proches, des circonstances concrètes de notre vie quotidienne. Apprécions le réel, au double de sens de bien l’appréhender et de l’aimer. La sagesse biblique connaît la réalité. La petitesse la reconnaît telle qu’elle est.
Ensuite vient le principe de la croissance.
Et la première lecture, du livre de Sophonie, nous le rappelle d’une certaine manière, en disant du petit reste d’Israël qu’il ne commettra plus l’injustice, ni ne dira plus de mensonge. C’est donc qu’il aura fait des progrès. Nous aussi, les amis, nous pouvons faire, et nous faisons, des progrès dans notre vie. Ça n’est certes pas une ligne continue, il y a des hauts et des bas, mais nous ne sommes pas incapables de progrès. Attention, c’est même une arme privilégiée du démon que de nous mentir en nous faisant croire que nous sommes des incapables. La sagesse biblique sait que nous pouvons mieux faire, mieux être.
La petitesse consiste à le reconnaître et à discerner les petits pas que nous accomplissons effectivement.
Arrive enfin le principe de finalité. Si nous partons du réel, si nous avançons vaille que vaille, lentement mais sûrement, nous allons quelque part. Et pas n’importe où. Nous allons au Ciel !
Réentendez les béatitudes. Le Royaume des Cieux, telle est notre destination, telle est notre destinée. La sagesse biblique nous le dit à temps et à contre-temps. La petitesse consiste à le retenir, à s’en souvenir, à ne pas l’oublier, et à l’attendre dans une ferme espérance tout en s’y rendant avec assurance jour après jour.
Nous sommes petits les amis. Heureux sommes-nous si, le sachant, nous le suivons ce chemin du bonheur.
don Antoine DROUINEAU, curé