Pour une partie, elle m’envoie auprès des jeunes détenus dans l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs de Meyzieu. Je m’y rends régulièrement deux fois par semaine. A ce titre, en tant qu’aumônier, je suis membre de l’équipe de l’Aumônerie catholique des prisons, en lien avec les aumôniers des autres confessions.
Lorsque je rencontre ces adolescents, âgés de 14-15 à 18 ans, ce sont des jeunes trop souvent brisés par l’environnement qui est le leur depuis toujours : violences familiales, déracinements répétés en vue de trouver racine quelque part, un quelque part qu’ils n’ont jusque-là pas trouvé, échec scolaire, dégradation de l’estime de soi, fréquentations dangereuses, expériences à risques… Bien sûr, toutes ces circonstances n’effacent pas les actes commis, ni ne les excusent ; la justice divine n’exclut pas la justice humaine et il est nécessaire bien sûr de penser aux victimes…
Sur place, je rencontre individuellement les jeunes qui le souhaitent ou qui n’attendent qu’une occasion pour sortir de leur cellule, en fonction aussi des nombreuses contraintes : disponibilité du personnel, compatibilité de ma présence avec les autres intervenants, horaires des promenades, des activités et des cours (L’école existe en prison)… Nos échanges peuvent durer de 10-15 minutes à une heure environ, en fonction de l’intérêt que le jeune porte à cette rencontre. Ces échanges sont très libres et « gratuits » en ce sens qu’ il n’y a aucun objectif à atteindre. Il m’arrive de pouvoir rencontrer en un après-midi 3 ou 4 jeunes ; parfois aucun… Nos échanges confidentiels peuvent aborder leur histoire de vie, leurs projets d’avenir, leurs centres d’intérêt… Mission d’écoute, de présence spirituelle, humaine et morale avant tout. La spiritualité peut émerger, selon leur réceptivité à cette question. Lorsque c’est le cas, nos conversations nous offrent parfois de merveilleuses occasions de nous enrichir l’un l’autre. Il n’y a ni maître ni disciple, seulement des frères et soeurs qui se rencontrent…
C’est l’Eglise qui vient à leur rencontre ! C’est à notre ensemble paroissial aussi de les porter dans la prière. Le groupe ELOHIM, initialement créé pour eux, le fait; régulièrement nous les nommons dans nos prières, chaque mercredi soir, et nous prions pour les victimes.
Une remarque me vient souvent à l’esprit : S’ils sont là où ils sont, ce n’est pas par hasard ; mais si moi je n’y suis pas, ce n’est sûrement pas par hasard non plus !…