Don Mael

Aujourd’hui l’Église nous fait célébrer le règne du Christ. Cet intitulé quelque peu pompeux (« Solennité de notre Seigneur Jésus Christ, roi de l’univers et des nations. ») peut nous rebuter, nous sembler vieillot. On pourrait facilement y voir un reliquat d’une chrétienté d’antan qui se voulait triomphante. Mais si l’Église nous donne, à la clôture de notre année liturgique de contempler la royauté du Christ, c’est parce que nous pouvons y trouver une signification spirituelle plus belle et plus profonde que ce triomphalisme militant et vieilli.

En célébrant la royauté du Christ sur l’ensemble de la création, la liturgie de l’Église appelle ainsi le fidèle à tourner son regard vers l’avenir, « vers la destination finale de l’histoire qui sera le règne définitif et éternel du Christ» (Benoît XVI- homélie du 25 novembre 2012), le juge des vivants et des morts ; vers le jour de l’avènement du Christ, vainqueur de tout mal ; jour toute iniquité sera ôtée de la terre. Cette fête doit exciter notre attente et notre impatience de la venue du Christ, spécialement en ces temps d’épreuves, car Lui seul pourra mettre un terme définitif aux maux qui nous affligent, en instaurant son règne, règne d’amour, de justice et de paix.

Pour autant, il ne s’agit pas, en méditant sur ce royaume à venir, de nous évader des réalités et des contraintes d’ici-bas sous prétexte que de toute façon elles sont éphémères et que seul compte le monde à venir, où régnera le Christ. Bien au contraire, l’attente du monde nouveau, « loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller ».

En effet, le jour de l’avènement du Christ, sera aussi pour nous le jour du jugement, comme nous le rappelle ce très bel évangile. Ce sera le jour où « Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts » et son règne n’aura pas de fin. » La perspective de ce jugement, et la crainte qui peut nous saisir à cette perspective n’a pas pour objectif de nous remplir d’angoisse et de culpabilité, mais de nous rappeler que par notre charité effective et concrète ici-bas, nous préparons notre place dans le royaume à venir. Puissions-nous, par la perspective de l’avènement du Christ et du jugement, être confortés dans nos épreuves d’ici-bas et stimulés dans notre charité. Seigneur Jésus, faites que, séparés des boucs, nous soyons comptés parmi les brebis et placés à votre droite !

Don Maël +