L’évangile de ce dimanche constitue la troisième et dernière partie du discours de Jésus que nous avons lu ces derniers dimanches. Après le nécessaire abaissement pour le souci des petits puis l’injonction à tout mettre en oeuvre pour s’accorder entre frères, Jésus va user d’une étrange parabole pour montrer l’importance de la réconciliation en lien avec l’avènement du Royaume du Père. La réaction de Pierre fait suite aux versets précédents. L’apôtre semble avoir compris qu’il fallait tout mettre en oeuvre, sans cesse, pour se réconcilier avec son frère… mais cela peut durer longtemps et être usant. D’autant qu’ici le péché, se multiplie. Y a-t-il ainsi une limite « numéraire » au pardon ? Car il ne faudrait pas abuser, quand même !
En réalité la parole de Pierre, écrite par Matthieu, suggère la réponse. D’abord en faisant des mots « mon frère » le coeur de sa phrase. Puis en donnant un premier élément de réponse (de manière interrogative) : sept fois. Sept est le chiffre de la plénitude, comme les sept jours de la création. Il souligne la qualité du pardon. Faut-il aller à ce point, jusqu’au bout ? Jésus invite Pierre à aller au-delà : de la plénitude vers l’infini : Soixante-dix fois sept fois. L’expression n’a rien d’une opération arithmétique, elle vise à exprimer l’incalculable, l’incommensurable. Il n’y a plus à compter, il faut toujours indéfiniment pardonner, tout en gardant la même qualité et sincérité du pardon.
La réponse de Jésus aurait pu se finir ici, telle une injonction, sèche et froide. Car une telle exigence est vertigineuse. Mais Jésus veut donner sens, donner à Pierre l’occasion de saisir l’importance de cette réconciliation. Et pour éviter tout vertige, il nous fait regarder (métaphoriquement) vers le haut, vers le Royaume du Père. Et il finit son discours en disant : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du coeur. » Pardonner ne devient plus seulement une oeuvre humaine et horizontale dont nos relations familiales et sociales auraient déjà bien besoin. Non, pardonner devient, pour nous les enfants de Dieu, la manière idéale d’imiter Notre Père et de faire advenir le règne de Dieu. Le nom de Dieu est miséricorde !
Bon courage !