« Pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.»

Ce court extrait d’évangile est l’origine d’une tradition populaire si étendue que pour chacun d’entre nous, aujourd’hui, il nous semble naturel de fêter Noël. Qui ne serait pas attendri devant un nouveau-né, et encore plus devant cette scène bucolique du nourrisson couché dans la mangeoire, entouré de l’âne et du bœuf ? Si Noël est si populaire, c’est parce que cette fête touche notre sensibilité : nous sommes attendris devant l’Enfant. Mais pourtant le Seigneur nous invite à passer de l’attendrissement sensible à l’émerveillement contemplatif du croyant.

La foi nous fait découvrir derrière la tendresse de la crèche la profondeur d’un mystère que nous n’aurons jamais finit d’explorer. Ce que l’homme n’aurait jamais pu imaginer, l’amour de Dieu l’a réalisé : Dieu s’est fait homme ; Celui qui nous a formé s’est fait petit enfant ; le Maître de la Création s’est couché dans une mangeoire. Dieu, qui par nature est si éloigné de nous, s’est fait proche, a rejoint notre humanité. Dieu me rejoint dans ma vie, rien de ce qui fait ma vie ne désintéresse Dieu, Dieu ne cesse de vouloir venir me rencontrer. Voilà le message de Noël ! A un moment de l’histoire, Dieu est entré dans le temps pour que jamais nous ne nous sentions loin de Lui, pour qu’aujourd’hui encore nous puissions l’entendre nous dire : Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui (Ap 3,20). C’est ce que tous les croyants avant nous nous crient :
laisse-toi rejoindre ! Laisse Dieu venir te rencontrer ! Ne lui ferme pas la porte !
Passer de l’attendrissement devant la crèche à la foi devant le mystère, c’est vivre la même expérience que saint Paul : Il m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2,20)

Qu’est-ce que ce Noël 2021 va changer dans ma vie ? Serais-je de ceux dont saint Jean dit : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillis » ou la Rencontre avec le Seigneur va-t-elle bouleverser ma vie de telle de manière à ce que je puisse dire : « pour moi, vivre, c’est le Christ » (Ph 1,21) ? Moi qui suis un fidèle régulier de l’église, moi qui ne vient peut-être qu’une ou deux fois par an à la messe, moi qui suis un étudiant, moi qui suis un retraité,  moi qui aujourd’hui me sens aimé et entouré des miens, moi qui aujourd’hui me sens seul et désespéré : Dieu vient me rejoindre !

Que dois-je faire aujourd’hui pour répondre à l’appel de Noël, c’est-à-dire à vivre concrètement avec Dieu et non plus éloigné de Lui ?

don Raphaël