(…) Aux souffrances qu’il endure, Jésus répond par la vertu de la patience. Il s’agit de supporter ce que l’on endure : ce n’est pas un hasard si la patience a la même racine que la passion. Et c’est précisément dans la Passion qu’apparaît la patience du Christ, qui accepte avec douceur et mansuétude d’être arrêté, giflé et injustement condamné ; La patience de Jésus ne consiste pas en une résistance stoïque à la souffrance, mais elle est le fruit d’un amour plus grand. L’apôtre Paul, dans l’« Hymne à la charité» (cf. 1 Co 13), associe étroitement l’amour et la patience. La charité est patiente.
Dans la Bible, au lieu d’exprimer son dégoût pour le mal et le péché de l’homme, Dieu se révèle plus grand, prêt à recommencer chaque fois avec une patience infinie.
«La patience vaut mieux que la force d’un héros» (Pr 16, 32). Mais soyons honnêtes : nous manquons souvent de patience : il est difficile de rester calmes, de contrôler nos instincts, de retenir les mauvaises réactions, de désamorcer les querelles et les conflits dans la famille, au travail, dans la communauté chrétienne. La réponse fuse immédiatement. (…) Si le Christ est patient, le chrétien est appelé à être patient. Cela nous appelle à aller à contre-courant de la mentalité aujourd’hui répandue, où dominent la précipitation et le « tout et tout de suite »; où, au lieu d’attendre que les situations mûrissent, on presse les personnes en espérant qu’elles changent instantanément. La précipitation et l’impatience sont les ennemies de la vie spirituelle : pourquoi? Dieu est amour, et celui qui aime ne se lasse pas, ne s’irrite pas, ne donne pas d’ultimatum, Dieu est patient, Dieu sait attendre. Pensons à l’histoire du Père miséricordieux, qui attend son fils parti de la maison (…)
Comment faire croître la patience ? Puisqu’elle est un fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5), il faut la demander précisément à l’Esprit du Christ. (…) Un bon exercice consiste également à lui présenter les personnes les plus ennuyeuses, en lui demandant la grâce de pratiquer à leur égard cette oeuvre de miséricorde si connue et si omise : supporter patiemment les personnes incommodantes. (…) Enfin en ne limitant pas le champ du monde à nos propres difficultés, comme nous y invite l’Imitation du Christ : «Il faut donc que tu te souviennes des plus grandes souffrances des autres, pour apprendre à supporter les tiennes, qui sont petites», en se rappelant qu’«il n’y a pas de chose, si petite soit-elle, pourvu qu’elle soit supportée pour l’amour de Dieu, qui passe sans récompense auprès de Dieu» (III, 19).