Bien chers frères et sœurs dans le Christ, cette semaine le seigneur nous fait réfléchir sur la justice.

Notre sens inné du juste et de l’injuste peut nous faire réagir vivement à l’écoute de l’Evangile de ce Dimanche, et les récriminations des ouvriers de la première heure peuvent facilement trouver un écho dans notre cœur. Quoi, ces derniers venus reçoivent autant que nous, qui avons peiné toute la journée ! Quoi, cette personne qui a mené une mauvaise vie et qui s’est convertie sur son lit de mort, me précèderait au paradis, moi qui toute ma vie ai pratiqué la religion, et ai observé scrupuleusement les commandements du Seigneur ! Ah mais si j’avais su…

Si nous réagissons ainsi c’est qu’il manque quelque chose de l’ordre de la gratuité dans notre relation à Dieu.

C’est que la manière dont nous nous donnons à lui (le temps que nous lui consacrons dans la prière, l’obéissance aux commandements du Seigneur et de l’Eglise, l’observance dominicale, etc..) n’est pas motivée par l’amour mais par une recherche de soi, qu’il s’agisse de l’espoir d’une récompense voulue pour elle-même, ou de la satisfaction d’une bonne conscience ou d’une bonne image de soi-même. Dieu n’est alors pas mis au centre de nos préoccupations, mais nous nous nous y plaçons nous-même.

Aussi ressentons-nous comme une injustice, les dons de Dieu, offerts à ceux que nous estimons être moins méritants. Si nous ne savons pas nous donner gratuitement au Seigneur, c’est parce que nous ne percevons pas que Lui-même s’est d’abord donné gratuitement à nous.

Il n’a pas attendu que nous soyons dignes de lui pour nous donner sa grâce (sinon il attendrait encore), mais c’est par le don de sa grâce qu’Il nous rend digne de lui.

Puissions-nous dire avec les ouvriers derniers embauchés « Nous n’avons porté ni le poids du jour ni la brûlure du soleil, à la onzième heure, nous venons à toi, sauve nous, prends pitié de nous.»

+ don Maël