En 1975, Simone Veil obtenait que l’avortement soit dépénalisé, tout en reconnaissant qu’il demeurerait toujours un drame. Depuis, tout semble avoir été fait pour faciliter et banaliser l’IVG. Les résultats sont là : 2023 vient d’établir le triste record de 234 300 IVG en France alors que la tendance est à la baisse partout ailleurs en Europe.
[Avec la constitutionnalisation de l’IVG votée le 4 mars,] la France met au même niveau l’égale dignité de toute vie humaine – principe à valeur constitutionnelle – et la liberté d’accès à l’avortement. Comment expliquer une telle contradiction ?
Une des explications est liée, selon moi, à la succession des lois dites sociétales votées en France depuis quelques dizaines d’années. Celles-ci, en effet, se focalisent sur des droits individuels en oubliant ou en sous-estimant leurs portées sociales. Or la cohésion sociale ne peut que se dégrader – n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui ? – si on se contente de définir des droits individuels sans resituer la personne dans le jeu des relations qui la constituent.
Est-il juste de faire peser sur les seules épaules des femmes enceintes une question aussi grave ? Comment pouvons-nous reléguer à la seule sphère privée une option touchant au respect du plus fragile ? Cette option définit en effet, pour une part, le modèle de société que nous souhaitons, et engage notre avenir.
N’est-ce pas également la société tout entière qui devrait porter le souci des femmes enceintes dans des conditions difficiles, de celles qui ont besoin d’être soutenues dans leur maternité, ou encore de celles se retrouvant dans une douloureuse solitude après avoir fait le choix d’une IVG ?
Nous sommes en réalité tous concernés par la question de l’IVG. Mais le débat est-il encore possible ? […] La liberté d’expression est-elle encore garantie ? Et la liberté de conscience ? J’ose croire, quant à moi, que le jour viendra où la lumière se fera sur cet angle mort de notre conscience collective. Telle est mon humble espérance !
+ Olivier de Germay
Archevêque de Lyon
Lorsqu’une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision ‘tyrannique’ envers l’être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l’humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d’être des crimes si, au lieu d’être commis par des tyrans sans scrupules, ils étaient légitimés par l’assentiment populaire ?
Jean-Paul II, L’Évangile de la vie, n.70
Comme catholiques, nous aurons toujours à rester des serviteurs de la vie de tous et de chacun, de la conception à la mort, des artisans du respect de tout être humain qui est toujours un don fait à tous les autres, à soutenir ceux et celles qui choisissent de garder leur enfant même dans des situations difficiles – et nous cherchons des voies nouvelles pour cela -, à entourer de notre respect et de notre compassion ceux et celles qui ont eu recours à l’avortement. Demandons-en humblement et instamment la grâce. Prions surtout pour que nos concitoyens retrouvent le goût de la vie, de la donner, de la recevoir, de l’accompagner, d’avoir et d’élever des enfants.