Don Raphaël et moi-même revenons de Lourdes ! 90 prêtres y ont passé leur semaine annuelle de retraite, venant de plusieurs diocèses et de tous horizons, jusqu’à Luxembourg et Madrid.

Au programme : méditations sur le thème « Heureux, vous les prêtres ! », offices et messe chantés en commun, du silence et surtout des temps privilégiés de prière à la grotte, seuls.

L’hiver, il y a peu de monde à Lourdes. Le matin devant la grotte, dans une froideur matinale semblable à celle de ce 11 février 1858, il était facile d’imaginer la toute première rencontre de la petite Bernadette, 14 ans, avec cette jeune femme qui semblait avoir son âge et la regardait en souriant, lui faisant signe de s’approcher.

Plus tard, Bernadette recevra d’elle sa mission : « Allez dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et que l’on y construise une chapelle ». Ce sera sa vocation : témoigner de ce qu’elle a vu et être fidèle à ce message pendant toute sa vie.

Si Bernadette a reçu une vocation bien particulière, la Parole de Dieu de ce dimanche nous raconte trois autres vocations, venues par des biais bien différents. Dans une vision hiératique, Isaïe est purifié de ses péchés puis il est appelé à devenir envoyé de Dieu, son porte-parole (pro-phète). Saint Paul, quant à lui, après une rencontre personnelle avec le Christ lui-même (« il est même apparu à l’avorton que je suis »), partira annoncer la Bonne nouvelle aux païens de son époque tout autour de la Méditerranée. Enfin, Saint Pierre a cru en l’efficacité de la Parole de Jésus (« sur ta parole, je vais jeter les filets »), il va alors apprendre à ne plus avoir peur de son indignité et deviendra pêcheur d’hommes.

Ces quelques exemples de vocations nous montrent deux constantes : d’abord, le Seigneur nous demande un cœur vraiment pauvre, humilié, brisé de notre propre fragilité : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pêcheur ! ». D’autre part, nous devons être audacieux dans notre réponse : « Me voici, envoie-moi ! » comme Jésus le dit à Pierre : « Sois sans crainte ». Un cœur pauvre et audacieux à la fois, telle est l’attitude paradoxale des chrétiens face à Dieu. Et nous le savons, cela n’est même pas à notre portée, mais nous y arriverons par sa grâce : « Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile ». Réjouissons-nous donc de cette fécondité que Dieu promet à chacun, et dont nous sommes impatients de voir les vrais fruits… pour sûr au paradis !

don François-Marie