En entrant dans l’église ou au centre paroissial, vous l’avez tout de suite remarqué : croix et statues sont recouvertes d’un voile violet.

Depuis le début du Carême, le violet n’était encore que le signe de la conversion, de la pénitence, du regret de nos péchés et de notre aspiration à retourner vers Dieu.

Aujourd’hui, nous entrons dans une tout autre période : le temps de la Passion. Celui des derniers moments de Jésus, que nous revivrons bientôt. L’occasion de nous décentrer de nos efforts personnels de conversion, et de Le suivre, Lui seul.

Oui, l’Eglise est en deuil. En deuil de son Epoux, qui meurt bientôt pour elle.

Jésus va bientôt se révéler : « Avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS ». Les Juifs veulent le lapider, mais il part se cacher. Son Heure n’est pas encore venue. La Croix n’est pas encore dressée.

Encore quelques jours, et Jésus l’embrassera pour nous sauver tous. Vendredi Saint, ce mystère sera dévoilé lorsque le prêtre chantera trois fois « Voici le bois de la croix qui a porté le salut du monde ! ». Et nous répondrons : « Venez, adorons ! ».

Peut-être nous étions-nous habitués à passer devant l’image du Christ en croix ; à l’église, à la maison ? Nous passions devant lui sans y penser ; sans réaliser la violence de sa mort ; en oubliant même que c’est à travers cette mort qu’Il nous a sauvé une fois pour toutes ?

Pendant ce temps de deuil, même la douce compagnie de Marie, de Joseph et des Saints est cachée. Bien sûr, ils continuent d’intercéder pour nous, dans la gloire, auprès du Seigneur. Mais ce n’est pas encore le moment de vivre cette joie du ciel : « il est juste que le serviteur s’efface, quand la gloire du Maître s’est éclipsée*».

Don François-Marie, diacre

*Dom Guéranger, L’Année liturgique