Premier miracle de Jésus, première manifestation de sa gloire aux yeux de ses disciples, les noces de Cana parachèvent l’Epiphanie du Seigneur, à la suite de l’adoration des mages, puis du Baptême de Jésus par Jean dans les eaux du Jourdain.

Et avant même la multiplication des pains, c’est du vin qui est offert en immense quantité, et d’excellente qualité ! Le fruit de la vigne est tenu en haute estime par toute la tradition biblique. Signe de la sollicitude de Dieu pour son peuple, préfiguration du sacrifice du Christ pour le salut du monde. Le vin réjouit le cœur de l’homme dit le psaume (Ps 103, 15), certes, mais ça n’est pas tant parce qu’il plonge éventuellement dans l’ivresse, que parce qu’il est le signe de l’allégresse que Dieu veut pour nous.

L’allégresse, ce don de Dieu qu’il nous faut sans doute savoir demander et recevoir à nouveau aujourd’hui. Aujourd’hui que la vie sociale est conditionnée à un test. Auto-test par-ci, test antigénique par-là. Et plus votre rhume est positif, plus votre vie et vos relations sont négatives, plus encore elles sont interdites. Isolé sans broncher, tel est votre lot. Et n’allez pas noyer votre chagrin dans le vin, ça n’arrangera rien, ni ne vous soignera, quand bien même on ne vous propose aucun soin sinon de disparaître de la circulation, qu’au moins le virus lui ne circule pas non plus.

Bref, la pandémie mondiale, plus que de vous ôter la vie physique, vous retire de la vie sociale, vous écarte de la richesse humaine. Et c’est sans doute cela le plus grave, le plus triste, le plus révoltant.

Alors oui Seigneur, apprends-nous où est la vraie allégresse, donne-nous ton vin nouveau. Ne nous abandonne pas à notre triste sort, mais affermis notre cœur pour que nous soyons des artisans de joie, aiguise notre intelligence pour que nous recherchions sans nous décourager la vérité.

Ô Marie, toi qui as lancé ton Fils Jésus dans son ministère public, toi qui, par ta confiance en lui l’a comme aidé à avoir confiance en lui-même, sois avec nous. Aide-nous à être forts dans l’adversité présente, à ne pas céder au découragement, mais à servir à nos frères le vin de la grâce de Dieu, le vin de la délicate charité, le vin de l’allégresse fraternelle.

don Antoine Drouineau, curé