EDITO

Les « paroissiens-siennes » et d’autres, qui liront cet édito seront un peu surpris de l’utilisation de l’écriture inclusive.

Ceci est une manière comme une autre d’entrer dans le vif du sujet sans pour autant engager un débat. En effet l’écriture inclusive souhaite finalement revisiter l’écriture afin de placer le féminin à égalité avec le masculin.

Quelle est la part de la féminité chez un homme, quelle est la part de masculinité chez une femme ?

La femme fut créée à partir d’une côte d’Adam, pas de sa tête pour le dominer, pas de ses pieds pour être écrasée , mais de son côté, (on pourrait aussi écrire …à son côté) c’est à dire pour être son égal ou plutôt … son complément. La femme a été créée tout comme l’homme à l’image de Dieu et le temps commence à faire son œuvre. Il est …temps !

  

Dieu est le summum de tout , au-delà de nos déterminations humaines , des qualités féminines et masculines. Il n’a pas donné de critères de genre mais quelle est sa part de féminité à laquelle fait référence la Bible ? Dieu est avant tout miséricorde , ce mot miséricorde tellement puissant en hébreu désigne le ventre maternel, les entrailles. L ‘Amour de Dieu est comme le lien viscéral entre une mère et l’enfant qu’elle porte en elle.

Les entrailles évoquent les sentiments intimes les plus profonds . Grâce aux entrailles de Miséricorde de notre Dieu dans lesquelles nous a visité l’astre d’en haut ( Lc 1,76-79 )

Nous ne pourrons pas dans cet édito extraire tous les passages de la Bible qui évoquent l’aspect féminin de notre Dieu , mais la miséricorde en est , sans conteste,   la meilleure représentation.

La Bible regorge d’exemples de symbiose entre la femme et l’homme, et de tous les bénéfices que l’un(e) tire de l’autre… A la place d’une égalité recherchée ne serait-il pas plus logique d’insister sur les complémentarités évidentes entre la femme et l’homme ? Nous pourrions faire une proposition , remplacer la journée de la femme par un Octave de la complémentarité entre la femme et l’homme , en somme au vu de l’importance du sujet , une journée qui en dure 8 !   ( imiter l’Octave de Pâques qui met en valeur l’allégresse de la résurrection )

Quelques exemples de  l’importance du rôle des femmes dans la Bible :

  • Les disciples qui sont surpris que Jésus puisse parler à une femme en plein jour ne savent pas que Jésus qui avait soif  a permis à la Samaritaine d’intérioriser et de trouver en elle la puissance de l’ Amour de Dieu . Notons déjà la différence fondamentale entre les explications théoriques données en pleine nuit par Jésus à Nicodème concernant la re-naissance , ( par le raisonnement )  et celles , concrètes , données en plein jour à la Samaritaine qui sera la première suite à cette conversion ( par les entrailles )   à annoncer le Christ .
  • La femme qui a versé  un parfum de grand prix (une  livre ) sur les pieds de Jésus n’a fait aucun calcul pour donner le meilleur  d’elle -même c’est à dire  son Amour pour Jésus qui ne lui fera pour le coup …aucun reproche  , bien au contraire. Cette action préfigure la mort de Jésus et son embaumement  (et Nicodème avec ses 100 livres de mélange parfumé qui ne serviront pas )
  • Marie Madeleine et Nicodème sont présents  au pied de la croix , le rôle de Nicodème en dehors du fait d’être là (et c’est certainement déjà beaucoup par rapport à d’autres ! ) restera pourtant à cet instant limité . Par contre Marie Madeleine qui sera la première  femme au tombeau , à qui Jésus dira  alors qu’elle ne pourra plus le toucher puisque il est déjà dans le royaume de Dieu ( moment à vivre extra-ordinaire s’il en est ! ) Marie Madeleine qui cherche désespérément et visuellement le corps de Jésus , aura ses yeux ouverts par la parole de Jésus : Myriam !  L’importance de la Parole pour croire. Marie Madeleine , sera la première personne à avoir vu , entendu et écouté Jésus juste après sa mort et sa re-naissance .  En se faisant , Jésus honore profondément tout le genre féminin.
  • Avec cet épisode majeur de la Bible , nous passons  de l’univers de la vision à celui de l’écoute. Ce passage démontre l’importance de la femme pour Dieu,  une importance essentielle au moins égale à celle donnée à l’homme .

Dieu dans la Bible ne fait pas de distinction entre les femmes et les hommes par le sexe mais par la différence des cœurs. L’essentiel est bel et bien invisible , la qualité d’un parfum également …

Remercions pour ce n° spécial de Musique Emoi alloué aux femmes ,  Marie , Marie Madeleine , Marthe , Marie , Marie de Béthanie , la Samaritaine , la syro phénicienne , les 4 femmes Docteur(e)s de l’Eglise  etc…  et  toute la gent(e) féminine d’exister, sans oublier pour autant la gent(e)  masculine …les 2 étant indubitablement  complémentaires . 

Louons Dieu pour sa création !   aujourd’hui , honneur aux femmes , c’était l’objet de ce n° de Musique Emoi. Respectueusement , constatons que Dieu  fait bien les choses !!!

LE MORCEAU CHOISI :  Ave generosa – Hildegarde de Bingen

Et voilà arrivé le joli mois de mai qui est plus particulièrement dédié par l’Eglise catholique à la Vierge Marie selon une tradition dont l’origine se trouverait au Moyen-Age.

Une multitude de chants et d’hymnes lui est consacrée mais il fallait faire un choix ! 

Celui-ci s’est arrêté sur l’Ave, Generosa d’Hildegarde von Bingen. 

Cela n’est pas un hasard. Certes, en ce mois de mai où nous consacrons le numéro de musique émoi aux femmes, il était de bon ton d’évoquer un morceau de musique composé par une femme. Mais quelle meilleure ambassadrice qu’Hildegarde pouvions nous trouver? À l’heure où la nature nous donne à la contempler,  la religieuse bénédictine versée dans la naturopathie, la médecine, nous offre ici un bel exemple de son talent poétique et musical. Hildegarde composa près de 80 chants liturgiques, hymnes et séquences . Alors, c’est vrai, notre oreille du XXIème siècle est peut-être moins habituée au chant grégorien mais sachons faire un pas pour découvrir ce morceau car Hildegarde est avant tout une moniale bénédictine pétrie par cette musique depuis ses 8 ans, âge auquel elle entra au couvent. 

Contemporaine de Bernard de Clairvaux qui participa au développement du culte marial et avec qui elle entretiendra une correspondance épistolaire, Hildegarde offre ici un regard féminin sur la Vierge Marie, un regard très incarné . La version proposée ici est accompagnée par une flûte médiévale qui, grâce à la chaleur du bois, apporte une douceur toute mariale à l’ensemble musical.

Il y a quelques décennies, mais peut-être que vous, chers lecteurs et lectrices le pratiquez-vous toujours, les familles installaient dans leur foyer un petit autel domestique en l’honneur de la Vierge Marie au mois de mai. Et c’était l’occasion de se réunir, en famille, mais aussi entre voisins chaque jour du mois de mai pour prier en toute simplicité la Vierge Marie. Alors on s’y remet ?

Le compositeur : Hildegard von Bingen

Penser différemment le monde féminin !

Que reste-t-il des femmes compositrices ?

L’histoire de la musique a évolué au fil des siècles autour des grandes figures masculines : Palestrina, Vivaldi, Caccini, Mozart, Bach, Beethoven et combien d’autres noms célèbres. Mais qu’en est-il des musiciennes et compositrices telles que Cassienne, Leonarda, Strozzy, Schumann et de Montgeroult… entre autres !  Trop souvent la femme est l’image de la « Muse » ! Celle qui inspire, mais alors de quoi s’inspire la femme si ce n’est que de la beauté, de l’émotion et de la sensibilité. Peu nombreuses, elles sont d’autant plus des figures remarquables de leurs époques.

Il semble téméraire d’aller à la recherche de ces femmes car peu d’écrits subsistent sur leur biographie et leurs compositions. Les rides du temps n’ayant pas d’emprise sur la création artistique, nous avons retrouvé leurs œuvres tombées dans l’oubli, toutes emplies de délicatesse et d’élégance à l’image d’un parfum.  La comparaison avec le parfum est intéressante, leurs créations se sont évaporées !  Leurs partitions n’étant pas signées, elles sont tombées dans l’anonymat, leur reconnaissance est de ce fait inexistante.

Du moyen Age au XIXème siècle, la femme « artiste » n’est pas une vocation autorisée et les raisons sociétales sont prédominantes sur la liberté d’expression du genre féminin.

Les jeunes filles de « bonne famille » ayant acquis une éducation de haut niveau, jouent dans un espace privé (salon, cour princière) où la musique peut être interprétée comme « art d’agrément ». Pour d’autres, leur choix est de se consacrer à la Gloire de Dieu. Elles ont ainsi accès aux études des textes bibliques, de la philosophie, de l’art, de la musique et peuvent composer des œuvres pour élever l’âme.

Il faudra attendre la fin du XVIIIème et début du XIXème siècles pour qu’elles soient enfin admises dans leur art. Les deux premières femmes professeures de piano au conservatoire de Paris sont Hélène de Montgeroult et Louise Farenc. En 1915, le directeur Gabriel Fauré instaure les classes mixtes (piano) au conservatoire de Paris.

Deux figures de la musique sacrée :

Hildegarde de Bingen (1098/1179) : une écologiste et naturopathe –

 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/ba/Hildegard_von_Bingen.jpg/170px-Hildegard_von_Bingen.jpgNous voici en Rhénanie (Allemagne) où nait la plus connue d’entre elles, Hildegarde de Bingen en 1098, première représentante de la pensée écologique. Elle entre au couvent à 8 ans et apprend la musique, le chant, la botanique, et la pharmacologie. En 1150, Hildegarde fonde son premier monastère à Rupertsberg, puis en 1165 un monastère à Eibingen. Femme charismatique qui échange  avec Henri II d’Angleterre, Aliénor d’Aquitaine et Frédéric Barberousse souverain du Saint Empire germanique. Elle est à la fois compositrice, abbesse, poétesse et guérisseuse.

 En 2012 Hildegarde de Bingen est nommée Docteur de l’Eglise et canonisée par le Pape Benoit XVI.

 

Sainte Cassienne de Constantinople (entre 805 et 810/865) : une hymnographe

Kassia.jpg Pour commencer ce voyage musical féminin, nous prenons la route de la Soie, à Constantinople au IXème siècle pour découvrir la première et seule hymnographe reconnue par les   autorités   orthodoxes.  En l’an 805 nait Cassienne (Kassia) fille d’une famille aristocrate. Elle reçoit un enseignement des textes bibliques et son seul souhait : consacrer sa vie au Christ, Abbesse (higoumène pour les orthodoxes) elle fonde un couvent à Xérolopoulos. Elle se consacre à la littérature et à la musique, et compose sur la liturgie des hymnes.  Le plus connu de ses hymnes est inspiré du passage de  l’évangile  selon Saint Luc (ch7 : 36-50.).

Notre autre proposition musicale :

Ave Régina colore

Isabelle Léonarda (1620/1704), religieuse et compositrice italienne. De 1636 jusqu’à sa mort en 1704, elle vit au Monastère à Novare et compose des musiques vocales religieuses.

La reconnaissance des femmes dans l’art musical n’a pas toujours été la même en fonction des époques et des pays. Quelques exemples :

En Italie, dès le milieu du XVIème jusqu’au début du XVIIIème siècles, les femmes compositrices sont nombreuses et publient leurs œuvres. (Musiques vocales profanes et religieuses).

-Francesca Caccini 1587/1641, une compositrice à l’image de son père (notre première édition) qui exerce ses talents à la cour de Catherine de Médicis. Première femme à avoir composé des opéras. Elle enseigna le chant et fonda en 1614 un chœur féminin.

-Barbara Strozzi, 1619/1677 – cantatrice et compositrice italienne très appréciée de ses contemporains. 

En France :  en 1708, sous le règne de Louis XIV, Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665/1729) compose des cantates sacrées consacrées aux femmes de la Bible : Esther, Rachel, Judith, Jephté.

En Allemagne :

– Un exemple marquant qui souligne le refus catégorique du monde masculin, de la présence féminine au sein de l’art musical est celui de Fanny Henzel-Mendelssohn (1805/1847), sœur du grand Félix Mendelssohn, dont le père et le frère lui interdisent formellement d’exprimer son art. Ses œuvres sont interprétées au piano par son frère Félix, qui au-delà de ce contexte admire les compositions de sa sœur. Grande admiratrice du génie de Jean-Sébastien Bach, Ludwig Beethoven, et de son frère Felix elle prénomma son fils : Sébastien, Ludwig, Félix !

-Clara Schumann-Weick (1819/1896), épouse de Robert Schumann. Pianiste d’exception, elle joue ses œuvres et celles de son renommé époux. Lors de concert public Johannes Brahms interprète des compositions de Clara Shumann-Wieck.

 

Ce travail de recherche intense, permet de découvrir et d’approfondir la situation de la femme dans l’art musical, pictural, et littéraire à travers toutes les époques. Nombre d’entre elles non citées dans notre article mériteront une future rubrique.    

Quizz n°6

1-Qui a fait cette profession de foi dans l’évangile de Jean au chapitre 11 verset 27 «  Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde »

a – Pierre  

b – Marthe  

c – Lazare

 

2-Quel pape reconnu Hildegarde de Bingen docteur de l’Eglise.

a – Benoit XVI en 2012

b – Paul VI en 1972

c – Jean XXIII en 1962

3-La fête de la Visitation de Marie chez sa cousine Elisabeth est fêtée le 31 mai.

a – vrai

b – faux 

 

4-Fuyant les persécutions, Marthe, Marie-Madeleine et d’autres disciples arrivent sur la côte française près d’Arles. Où Marthe a-t-elle terminé sa vie ?

a – Saintes-Maries de la Mer

b – Tarascon

c – Arles

 

5-Marie Madeleine quant à elle finit sa vie dans une grotte du massif de la Sainte Baume en Provence.

 a – vrai

b – faux

 

Résultats du QUIZZ n ° 5

1-C     2-R     3-O      4-I      5-X     , on pourrait  rester en adoration …  devant les lettres des résultats !  

ANCIENS ARTICLES MUSIQUE EMOI

Frère SAMUEL et sa joie communicative pour son premier baptême

Musique Emoi N°27 - Noël

La naissance de Jésus (Le Verbe s’est fait chair) a tout changé pour les hommes, la prise de conscience a commencé, mais il s’agit visiblement d’une longue marche au vu du fonctionnement actuel des hommes sur la terre.

N°26 : Sainte Thérèse de Lisieux

"Le silence est le doux langage des anges, de tous les élus. Il doit être aussi le partage des âmes s'aimant en Jésus" - Sainte Thérèse de Lisieux -
Miniature trouvée dans un manuscrit d’Hildegarde représentant un homme recevant toutes les influences cosmiques

Musique Emoi N°25 : Hilgegarde

Ce mois-ci nous allons donner de la place à …Marie Bernadette Hildegarde. Il s’agit bien évidemment d’un « joke » en effet nous avons demandé à Marie Bernadette de se prêter au jeu, en cuisinant (tout en étant filmée) un plat dont la recette appartient à Hildegarde de Bingen : Le Pain de bettes (recette Hildegarde)

Musique Emoi n°24

Après le n° 22 de Musique Emoi mettant en valeur les Petits chanteurs à la croix de bois, ce numéro 24 est lui, consacré aux Servantes des Pauvres. Pauvres avec P majuscule (Un détail qui mène à l’essentiel…)

Musique Emoi N° 22 : Les petits chanteurs à la croix de bois

Nous sommes sûrs, après avoir eu la chance de les rencontrer, que vous prendrez du temps à entendre et surtout à écouter les interviews proposés, les morceaux choisis, le dossier presse et que vous deviendrez supporteurs de cette chorale exceptionnelle s’il en est.

Musique Emoi N° 21 : Epiphanie

Après l’AVENT …  l ’ EPIPHANIE DIEU n’est pas un maître, pas un pharaon, nous ne sommes pas ses esclaves.
JS BACH

MUSIQUE EMOI N°20 – AVENT / AVANT

Cette fin d’année nous oblige à mettre en lumière différents signes pouvant illustrer la fin d’une période : Dérèglement climatique, crises sanitaire, écologique, économique, guerre, etc… il n’y a pas de fatalisme mais tout est lié. Mais reprenons nos esprits, non excusez-moi …reprenons notre Esprit !