Musique Emoi n°4 – CANTATE – BUWV 6 – an filius non est Dei
Avec Syméon , le mois dernier nous avions entrevu l’Espérance.
Avec ce n° 4 nous abordons la Transfiguration . ( Espérance et Transfiguration méritent bien une majuscule ! ) …c’est fait !!!
Comme Syméon , acceptons non de prendre , mais de recevoir Jésus , ce n’est pas tout à fait la même chose…
Acceptons d’être transfiguré un peu chaque jour en rendant grâce par exemple.
Ce n° de Musique Emoi est un numéro spécial , puisque nous sommes honorés d’avoir obtenu l’interview d’une éminente musicologue , qui nous fait partageret entrevoir une toute petite partie de son savoir. Merci ( Interview en fin dossier « Le compositeur » )
Nous pourrions ( avec un brin d’humour ) intituler cet édito , puisqu’il est musical : DJ (deejay )
Dieu Jésus , en effet il s’agit d’un passage très particulier de relation directe où Dieu parle distinctement de Jésus ( DJ ) « celui-ci est mon fils bien-aimé écoutez le ! »
Jésus vrai homme vrai Dieu , par sa Transfiguration lumineuse sur le mont Thabor , ce jour- là nous aide à comprendre que notre Espérance n’est pas vaine .
Avec cette Transfiguration éclairée , Dieu et Jésus nous démontrent qu’en chacun de nous existe bel et bien une part divine et qu’il s’agit en toute liberté d’accepter ou non d’aller la chercher au fond de nous-mêmes. « La samaritaine » qui sera comme transfigurée sait maintenant que la vérité est au fond du « puits » et qu’elle dispose maintenant du don de Dieu.
St Augustin met en valeur cette vérité dans « les confessions » par un :
« Et voici que tu étais en dedans , et moi en dehors, et c’est là que je te cherchais…tu as brillé , tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité … »
Nous vivons à notre niveau des moments de Transfiguration plus ou moins intenses mais une fois le soufflé retombé (en général) on écarquille les yeux en se demandant si nous n’avons pas rêvé. La Transfiguration préfigure la Résurrection de Jésus , comme si on procédait par doses successives , c’est aussi cela le chemin .
Le chemin ne nécessite pas que l’on plante sa tente , il implique au contraire le mouvement permanent , par contre chacun selon son rythme et son / ses charisme(s).
Avez-vous remarqué dans le texte , que Résurrection était écrit avec une majuscule ? la Bible devrait fourmiller de majuscules ( Joke /plaisanterie )
La confiance à condition d’être attentif et le cœur disposé s’acquière de manière instantanée , ou par épisodes , ( la notion du temps est différente pour chacun d’entre nous ) Ce bouleversement inattendu s’appelle la Grâce , on ne l’attend pas .
Nous allons mettre en place pour les prochains numéros une solution qui permettra à ceux qui le souhaitent de nous suggérer telle ou telle proposition , de nous « liker » sans mansuétude …bref de pouvoir instituer un échange afin que vous puissiez nous aider dans cette démarche « Musique Emoi » que nous travaillons avec passion …( la nôtre ne mérite pas la majuscule )
Ce mois nous avons enregistré un premier échange sous forme d’interview , que nous a accordé Claire DELAMARCHE musicologue .
Passionnée de musique , Claire a pris le temps de répondre à notre demande , nous sommes certains que vous apprécierez .
Nous la remercions infiniment d’avoir accepté d’enrichir le contenu de ce numéro 4
Justement en terme de Passion ce sera l’objet du n° 5 de Musique Emoi , les choix des morceaux de musique , les explications , l’édito et le quizz vont vous surprendre , laissez-vous faire , ayez …Confiance !
CANTATE – BUWV 6 – an filius non est Dei
(n’est-ce pas là le fils de Dieu) de D. Buxtehude, sous la direction du chef Ton Koopman.
Une fois n’est pas coutume, voici une petite devinette. Quel rapport entre la froide Europe du Nord et le Mont Thabor en Israël, les disciples Pierre d’un côté, Jacques et Jean de l’autre lors de l’épisode de la Transfiguration, la voix humaine et la viole de gambe ou bien encore la forme musicale de la cantate?
Proposition de réponse: le contraste.
Le contraste étant l’opposition de deux choses dont l’une fait ressortir l’autre.
Mais partons ensemble pour Lübeck où Buxtehude, compositeur allemand d’origine danoise, nous livre une œuvre sur le thème de la Transfiguration sur le Mont Thabor, évangile de notre 2ème dimanche de Carême.
Et cet épisode biblique méritait bien une mise en musique sous cette forme !
En effet, la cantate est une forme musicale où alternent passages instrumentaux et passages vocaux.
Dans l’épisode de la Transfiguration, il y a des personnes que l’on remarque, Pierre, entre autre, qui s’agite, mais aussi Jacques et Jean, qui ont, semble-t-il, un simple rôle de témoins. Cependant, toutes les personnes de cette scène ont leur importance puisqu’il en est fait mention dans le récit.
On peut imaginer ici alors l’utilisation d’une part de la voix accompagnée de l’orgue pour illustrer les scènes évangéliques où la parole et, notamment, celle de Dieu, est présente, et le choix de la viole de gambe, d’autre part, pour révéler l’état intérieur des deux disciples Jacques et Jean. Leurs émotions, la peur et la joie d’être présents, peuvent s’imaginer à travers le jeu de la viole de gambe car ce choix n’est pas le fruit du hasard, il s’agit de l’instrument qui, de part sa tessiture et ses caractéristiques, se rapproche le plus de la voix humaine mais sans la parole.
L’alternance de passages mélancoliques et joyeux nous révèle aussi l’ultime contraste : ce moment glorieux de la Transfiguration précède les jours de la Passion où le Christ se livrera entièrement pour nous sauver et finalement la Résurrection où Il sera vainqueur.
LE COMPOSITEUR : Dietrich Buxtehude
Buxhehude :Maître incontesté de l’orgue du XVIIème dit Le Maître de Lübeck (1637/1707)
Né vers 1637, d’origine danoise, trois villes sont évoquées pour son lieu de naissance : Helsingborg, Buxtehude ou Odlesloe, beaucoup d’autres éléments de sa vie restent une énigme. Organiste et compositeur très reconnu de son temps, composant pour la liturgie et le profane, il est une référence pour Pachelbel et Jean-Sébastien Bach.
IL exerce sa fonction durant 39 ans, à l’église Sainte Marie de Lübeck ville hanséatique et centre de la culture allemande de l’époque
Le jeune Jean-Sébastien Bach fut l’un de ses admirateurs, lui dont la légende dit qu’il aurait été à pied de la ville d’Arnstadt à la ville de Lübeck pour écouter le maître et s’imprégner de ses compositions.
L’instrument commun à ces deux prodiges de la musique religieuse étant l’orgue, cela nous amène à vous faire découvrir son histoire et qui mieux que Claire DELAMARCHE, musicologue et conservatrice de l’orgue à l’Auditorium-Orchestre national de Lyon pour nous l’évoquer.
Claire, merci de nous accorder cet entretien qui nous éclaire sur cet instrument fabuleux : L ‘ORGUE
— Où et quand a été fabriqué le premier orgue ?
— Claire Delamarche : L’ancêtre de l’orgue est l’hydraule, ou orgue hydraulique, décrit au IIIe siècle avant J.-C. par Ctésibios d’Alexandrie. Alimenté en vent par la circulation d’eau, il avait pour dessein premier l’observation de mécanismes et comme intérêt second d’imiter le chant des oiseaux ou les sifflements mystérieux des colosses de Memnon, à Thèbes. Les Romains reprirent le principe pour créer des instruments d’une puissance redoutable qui excitaient la foule lors des combats de gladiateurs, voire du martyre des premiers chrétiens. C’est ainsi, dit-on, que l’orgue fut banni des églises lyonnaises jusqu’au milieu du XIXe siècle, car sainte Blandine, patronne de la ville, était morte dévorée par les lions au son de l’hydraule.
— À quoi ressemblait l’orgue aux XVIIe et XVIIIe siècles ?
— C. D. : Alimenté en vent par d’immenses soufflets et pourvu d’un clavier permettant de jouer des notes, l’orgue est entré dans les monastères puis les grandes cathédrales à partir du Xe siècle. Au fil des ans, les mécanismes se sont perfectionnés et les instruments sont devenus de plus en plus imposants, rivalisant de puissance et de variété de timbres grâce à leur multitude de tuyaux. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la facture d’orgue a atteint un sommet, magnifiant le génie de compositeurs comme Dietrich Buxtehude et Jean-Sébastien Bach en Allemagne ou comme François Couperin en France.
— Cette époque marque-t-elle le point culminant du répertoire d’orgue ?
— C. D. : L’époque baroque marque certainement un apogée pour l’orgue d’église. Mais la révolution industrielle du XIXe siècle, puis l’avènement de l’électricité début XXe, et enfin celui de l’électronique récemment ont encore considérablement élargi les possibilités de l’instrument, permettant son installation dans des salles de concert laïques et la naissance de nouveaux répertoires tout aussi inventifs que les précédents.
— Son importance dans les œuvres religieuses ?
— C. D. : Si l’orgue s’est imposé ainsi dans les églises, c’est parce qu’un organiste peut à lui seul déployer la puissance d’un orchestre entier et emplir les plus vastes cathédrales (il peut également produire les sons les plus doux pour accompagner par exemple un instant méditatif). Et puis ces tuyaux dirigés vers la voûte ne semblent-ils pas projeter le son directement vers Dieu ?
— Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’orgue de l’Auditorium de Lyon ?
— C. D. : Construit au palais du Trocadéro, à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1878, modernisé quand ce palais a laissé place à celui de Chaillot en 1937 et installé à Lyon en 1977, l’orgue de l’Auditorium a été l’un des tout premiers orgues dans une salle de concert et a inspiré tout au long de son existence les plus grands compositeurs. Il a accueilli la création des Requiem de Fauré et Duruflé, et de nombreuses pièces pour orgue seul, concertos, oratorios etc. Nous avons une chance énorme d’avoir un tel instrument à Lyon !
— Pourquoi parle-t-on de « facteur » d’orgue ?
— C. D. : Si l’on parle de « luthiers » pour les fabricants d’instruments à cordes, on parle de « facteurs » pour les autres instruments, que ce soit une flûte, un piano ou un orgue. Cela vient tout simplement du latin « factor », celui qui fait, qui fabrique. La facture d’orgue requiert des talents extrêmement diversifiés : il faut être menuisier, savoir travailler le métal, avoir de nombreuses compétences en mécanique, en électricité, en électronique, et surtout avoir une oreille exceptionnelle, afin de tirer le meilleur de chaque tuyau et de réussir la poésie et l’équilibre global de l’ensemble !
Notre autre proposition musicale :
Jean Sébastien BACH-motet BWV 118
Quizz n°4
1-La viole de gambe est un instrument à 6 cordes proche de la famille du luth.
V-vrai. F-faux
2-laquelle de ces personnes n’est pas présente dans le récit de la Transfiguration :
M-Moise I-Isaie E-Elie
3- Jean-Sebastien Bach a parcouru, 400 kilomètres à pieds, pour aller écouter jouer Buxtehude à Lübeck.
O-oui N-non
4-Lequel de ces compositeurs est contemporain de Buxtehude ?
J-Josquin des Prés
L-Lully
M-Mozart
5-Quel(s) écrivain(s) de contes est d’origine danoise ?
C-Charles Perrault
D-les frères Grimm
E-Hans Christian Andersen
Résultats du QUIZZ n ° 3
Les réponses sont 1-a 2–c 3-a 4-a et 5-a